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Hier et aujourd’hui

La façon dont nous abordons le deuil a toujours varié. Nous examinons ici les origines des rituels de deuil et la manière dont nous disons au revoir et commémorons au fil des siècles.

Le deuil, une banalité ?

Dans la société actuelle, il semble parfois qu’on ne puisse plus ou qu’on n’ose plus faire son deuil. On reste fort pour le monde extérieur et on cherche à ne pas déranger. Était-ce également le cas par le passé ? Le deuil était-il « normal » ? Ou le faisons-nous simplement différemment aujourd’hui ?

Tout le monde sait que la mort fait partie de la vie. La plupart des gens préfèrent toutefois ne pas en parler. Il s’agit souvent d’un sujet tabou, source de malaise. Il ne devrait pourtant pas en être ainsi. Au fil des siècles, certains rituels ont permis de briser le silence qui entoure le sujet.

Des signes visibles

Retour au début des années 1800. Le deuil est principalement inspiré par la religion. L’Église occupe une place importante en Belgique, et des rituels tels que l’allumage de cierges, la prière et la lecture de textes religieux dictent la cérémonie des funérailles et le processus de deuil qui s’ensuit. La plupart des cimetières sont également d’ordre religieux.

Les personnes qui ont perdu un proche le montrent. Tout le monde ou presque « porte le deuil », littéralement, après un décès. Le choix des vêtements de deuil et la manière de les porter ne sont pas laissés à l’appréciation de chacun ; il existe des règles strictes, pour les hommes comme pour les femmes. Le code vestimentaire des femmes est d’ailleurs bien plus rigide.

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Le cercueil du défunt était porté dans les cortèges funéraires par les parents et les voisins. Parfois, une calèche était également présente.

Une période allant jusqu’à deux ans

Les hommes peuvent se contenter de porter un costume noir pendant trois mois, après quoi un brassard de deuil et un chapeau suffisent. Les veuves doivent quant à elles porter des vêtements noirs sobres, sans bijoux, pendant six mois ; et n’ont pas le droit de sortir de la maison avec le visage découvert pendant cette période. Elles peuvent ensuite porter des bijoux simples, par exemple une broche qui contient des cheveux de leur défunt mari. Tout ce qu’elles portent ou transportent doit présenter une marque de deuil. Les mouchoirs, par exemple, sont bordés d’un liseré noir. Ce n’est que deux ans après le décès qu’elles peuvent à nouveau s’habiller comme avant.

Pendant la période de deuil, certaines familles utilisent un service à vaisselle spécial, généralement en faïence noire. Un bien familial qui se transmet de génération en génération.

Peter Callewaert a conçu un pin’s que les personnes peuvent porter pour indiquer discrètement qu’elles ont récemment perdu un être cher.
Peter Callewaert a conçu un pin’s que les personnes peuvent porter pour indiquer discrètement qu’elles ont récemment perdu un être cher.

À l’époque, les gens meurent généralement chez eux et la mise en bière s’effectue au sein même du foyer. Le cercueil du défunt est porté dans les rues par la famille et les voisins, pour former un véritable cortège funèbre. Une calèche est parfois utilisée.

Un habit impayable

Au début du XXe siècle, les rituels de deuil religieux sont toujours courants, mais les enterrements civils et les cimetières communaux (où tout le monde est le bienvenu, même les non-croyants) font leur apparition.

Il est toujours d’usage de porter le deuil, mais plus aussi longtemps. Au sortir de la Première Guerre mondiale, les gens souhaitent abandonner les longues périodes de deuil. La majorité de la population aurait en effet dû porter le deuil pendant très longtemps, compte tenu des nombreuses pertes humaines causées par la guerre. Qui plus est, les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler en dehors du foyer et ne peuvent donc plus se vêtir de noir pendant des mois. Par ailleurs, en raison de la crise économique mondiale des années 1930, beaucoup n’ont tout simplement plus les moyens d’acheter des vêtements de deuil.

« Les rituels de deuil contemporains ont beau être moins visibles, ils ont autant de valeur. »

Une évolution majeure

Tout s’accélère à partir de 1950. Les rituels religieux perdent en importance, et les rituels de deuil laïques ou plus personnels gagnent du terrain. Les enterrements civils sont de plus en plus courants.

On porte encore le deuil, mais essentiellement lors des funérailles. Les vêtements de couleur font peu à peu leur apparition. Il est par exemple fréquent de porter du blanc au décès d’un jeune.

Au XXIe siècle, la mort est beaucoup moins intégrée au quotidien. Deux générations en arrière, les enfants jouaient à côté du salon où reposait leur grand-mère ou leur grand-père. Ils ont grandi avec la mort. Aujourd’hui, la plupart des gens meurent à l’hôpital, entourés du personnel médical plutôt que de leur famille ou de leurs voisins. Il est donc moins évident d’apprendre à faire face à la mort et au deuil. Le besoin de mettre en place des rituels de deuil plus modernes et plus personnels se fait néanmoins de plus en plus sentir.

Un cœur aux diverses couleurs

Cette recherche se traduit par davantage de choix et de flexibilité en termes d’expression et de gestion du deuil. Peter Callewaert a ainsi conçu un pin’s que les personnes peuvent porter pour indiquer discrètement qu’elles ont récemment perdu un être cher. 

Peter Callewaert : « Il n’est pas interdit de montrer son chagrin. Votre cœur se parera alors de différentes couleurs selon le moment : noir, blanc ou doré. Le noir incarne cet instant où la tristesse vous frappe ou vous rattrape. Le blanc, couleur de l’espoir, revêt une dimension plus vaste. Les bords dorés représentent la promesse d’un mieux-être. Le pin’s “cœur endeuillé” vous permet de montrer votre chagrin, à l’image des personnes qui s’habillaient en noir autrefois. »

Tel est l’objectif et la mission de Lost & Co, l’organisation dont Peter est l’ambassadeur et à laquelle les recettes des pin’s sont reversées. « Le chagrin ne doit pas être dissimulé, encore moins (parfois littéralement) nié. Il peut être vu et c’est même souhaitable. Ce pin’s se veut également une invitation à parler du deuil avec votre entourage, à accepter d’en parler et, en tant que personne endeuillée, à demander à en parler. Afin de pouvoir reprendre le cours de votre vie et de vous sentir véritablement soulagé. »

Plus personnel

Les cérémonies commémoratives personnelles et les réunions du souvenir où l’on évoque la vie passée des personnes disparues sont également de plus en plus courantes. La famille et les amis choisissent ensemble des photos et de la musique et confectionnent eux-mêmes des compositions florales ou une peinture. Des t-shirts faits main où figure un dessin réalisé par le défunt remplacent les vêtements de deuil. Nous pouvons aujourd’hui prendre place sur des « bancs du souvenir » en pleine nature, faire des promenades aux lampions ou assister à des concerts commémoratifs et, chaque année, nous préparons des crêpes selon la recette d’une tante décédée et savourons les souvenirs partagés.

Le deuil revêt ainsi une forme contemporaine. Si notre deuil est différent de celui de nos ancêtres, il poursuit toujours le même objectif : reprendre ensemble le fil de notre vie.

DELA vous aide à faire vos adieux de manière moderne

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